Sur la partie inéluctable, je suis d'accord avec lui ... sauf que ce mouvement n'est pas récent, il a 40 ans : La robotisation des lignes de production a commencé voilà 40 ans (si ce n'est plus, notamment au Japon), et les automates programmables sont une réalité dans les ateliers depuis au moins 30 ans. L'informatique n'a pas attendu l'arrivée des IoC (Objets connectés) pour prendre le pouls des installations, pour être utilisée à des fins prédictives ou pour piloter les installations. Dans le domaine de la maintenance, les entreprises sont passées d'une maintenance régulière à une maintenance prédictive ou au pire corrective. L'informatique pilote les ateliers de production depuis déjà 40 ans (directement ou indirectement). L'impression 3D est annoncée comme une révolution mais les machines outils modulables existent depuis 20 ans. La différence réside dans l'approche. Les machines outils taillent, percent et extrudent à partir de blocs monolithiques la pièce finie. L'impression 3D "construit" une pièce en procédant à une accumulation d'une ou plusieurs matières. Cependant, l'impression 3D couplée aux objets connectés et/ou à internet offre des perspectives nouvelles. Il est alors possible pour un fournisseur de disposer d'une imprimante 3D pour fournir en direct une pièce fabriquée sur-mesure. De manière générale, les industriels, après avoir exclu les fournisseurs de leurs usines, essayent maintenant de les réintroduire dans leurs ateliers afin d'apporter une synergie nouvelle et de flexibiliser davantage les moyens de production.
L'arrivée des objets connectés n'est pas une nouveauté. Cependant, la masse d'informations à stocker évolue de manière exponentielle. Les moyens informatiques à mettre en place pour gérer ces données hétérogènes demandent des puissances de calcul de plus en plus importantes et des compétences de plus en plus pointues ... Les entreprises doivent-elles s'adapter ou mourir ? Est-ce si important de vouloir tout connecter ? Est-ce que cela apporte réellement de la flexibilité/agilité à votre entreprise ? Nous ne prenons plus le temps de la réflexion ...
Pour montrer que cela s'inscrit dans l'usine du futur, le vocabulaire a été repensé pour être mis au goût du jour : La flexibilité est remplacée par l'agilité, les bases de données par le big data, les disques durs par le cloud et la puissance de calcul par l'intelligence artificielle. Pour chaque diffilculté, les commerciaux ont leurs solutions. Mais, les problématiques restent les mêmes qu'il y a 40 ans, comment répondre au mieux aux demandes du client en s'approchant le plus possible du besoin ? Comment valoriser les données accumulées pour anticiper les investissements et le besoin des clients ? Avec l'apparition des géants de l'internet, nous avons découvert que les données sont une source de revenus et que la prédiction peut être un avantage concurrentiel. Depuis, toutes les entreprises stockent et amassent une somme monumentale d'informations sans pour autant savoir quoi en faire.
De mes propos, comme de la vision des plus pessimistes, l'humain a disparu des usines. Dans l'article, l'humain doit être repensé et remis au centre du processus de fabrication. Il ne fabriquera plus mais il programmera les robots, supervisera le travail et anticipera les pannes ou modulera l'atelier en fonction des produits à fabriquer ou à assembler ... D'ailleurs, il est même possible que de nouveaux métiers apparaissent d'ici une dizaine d'années pour couvrir des manques. Cependant, ce bouleversement sociétal que la robotisation ou l'automatisation des usines impliquent n'a pas été suffisamment anticipé par les industriels ou les gouvernements. D'un point de vue formation, les écoles ou les cursus de formation professionnelle n'anticipent pas suffisamment les besoins. Ils forment pour le besoin actuel et ne préparent pas aux besoins futurs. D'un point de vue humain, nous ne sommes pas tous égaux face à l'acquisition et la manipulation de la connaissance. Que faire de la population qui ne pourra pas prendre le train de la digitalisation ? Que faire des petites-mains ? D'un point de vue recrutement, les ressources humaines doivent se remettre en cause et être capable de mesurer la capacité d'un individu à s'autoformer, à s'adapter à un nouvel environnement et non se crisper à un CV et de se borner à telle ou telle compétence. De ce point vue, je me rapproche de Bruno Gaccio dans l'émission "On va plus loin" sur LCP le Jeudi 10 Mars. L'informatisation à outrance de l'industrie est inéluctable. Nombreux seront ceux laissés sur le carreau et qu'il faut accompagner dès maintenant vers l'avenir. Le gouvernement et les industriels ne prennent pas ce sujet suffisamment au sérieux au risque de se diriger vers un monde décrit dans Trepalium (Série diffusée sur Arte en Février 2016). Si les industriels veulent que l'Etat réduise leurs taxes, s'ils veulent que leurs produits soient achetés et progressent en parts de marché, il faut que tout un chacun travaille et aie sa place dans l'usine du futur.
Enfin, pour conclure, je me tourne vers les nouvelles générations et les laissés pour compte de l'ère numérique, quel avenir peut-on leur proposer ? Et, quelle est leur place dans l'usine du futur, dans l'industrie du futur et dans la société du futur ?