Les machines à mesurer tri-dimensionnelles (M.M.T.), notamment celles présentées par Zeiss, m'ont plongé dans le passé ... 20 ans déjà ! A l'époque, je travaillais au laboratoire de métrologie tri-dimensionnelle du groupe PSA à Sochaux. J'ai mis en place une méthode mathématique pour calculer la planéité des marbres et le parallélisme des bagues étalons. Pour connaître le parc de MMT du groupe PSA, j'ai eu aussi la responsabilité de les recenser et j'avais créé une base de données pour les stocker. C'était une expérience magnifique. Lors de ma visite sur le stand Zeiss, je me suis rendu compte également que la technologie a beaucoup évolué (même si le design est sensiblement identique) ... Les têtes de mesure en rubis ont été remplacées par du diamant et la sensibilité a été améliorée.
Les machines-outils occupaient une place très importante sur le salon. Les allemands étaient très présents. Ce que je retiens essentiellement est l'omniprésence de logiciels de plus en plus sophistiqués et l'aspect modulaire des outils. Les logiciels sont composés de modules prédictifs pour anticiper la maintenance, de modules d'optimisation pour calculer la meilleure séquence de fabrication des pièces, de modules de programmation pour paramétrer l'outil en fonction des différentes pièces à fabriquer et de modules de connexion à distance pour partager les données ou pour intervenir à distance. Les machines-outils sont de plus en plus modulaires en proposant des configurations variables et programmables.
Les lignes d'assemblage étaient représentées par des convoyeurs hauts automatiques, des robots filoguidés, des bacs kanban et des postes Lean ... Pas de grandes évolutions. Un atelier peinture entièrement automatisé était présent au salon. Le ballet des machines était hypnotique. Les peintures présentées sur le salon sont de moins en moins polluantes. Ce n'est pas vraiment mon coeur de métier. Je ne m'y suis pas trop attardé.
L'impression 3D était également très bien représentée. C'est l'avenir de l'industrie du futur. Les résultats sont impressionnants. Les détails sont très fins. Cependant, les matériaux limitent encore le périmètre d'utilisation des pièces imprimées. Des bibliothèques de modèle 3D se mettent en place et un peu d'harmonisation apparaît. Cela va offrir de nouvelles perspectives. Nous sommes encore loin d'imprimer les pièces sur les bords de ligne d'assemblage en flux tendu. Mais, nous nous en approchons.
Les éditeurs de logiciel ERP étaient présents mais les approches restent standards. Peu d'innovations apparaissent dans ce domaine. Les logiciels présents sur les machines-outils intègrent de nombreuses fonctionnalités précédemment dédiées aux ERP. Le pilotage et l'équilibrage de lignes d'assemblage étaient peu représentée. J'ai notamment longuement discuté avec Krontime. Leur approche est très intéressante car l'équilibrage d'une ligne d'assemblage doit être tirée par des indicateurs pertinents et par le besoin d'avoir une approche en amélioration continue. Technologiquement, le Cloud et le Big Data font un entrée en force. Les éditeurs de logiciel restent vagues dans leurs utilisations et se limitent à les exploiter dans des analyses statistiques. C'est dommage car il y a de réelles opportunités dans l'exploitation de ces données.
En conclusion, l'industrie du futur est en marche mais elle est loin d'être présente dans les faits ... Les appareils présentés offrent une connexion à distance, partagent leurs données sur le Cloud ou dans les systèmes d'information des entreprises et analysent leurs informations grâce au Big Data. Cependant, je n'ai pas vu de standards émerger. Chaque constructeur et chaque éditeur proposent leur approche. L'usine du futur sera connectée, inévitablement. Mais, sans communication entre les différentes machines, ni standard de stockage des informations, il sera difficile de rendre les appareils interopérables ou d'exploiter finement et intelligemment la masse de données collectées au sein des ateliers...